Avant toute chose, Annabelle Marquis adore le rapport tactile avec la matière. Toucher, sentir, manipuler agissent chez elle comme un troisième œil. Cette particularité n’est pas anodine, car elle constitue une partie importante de sa démarche artistique et influence indéniablement tout son processus créatif. En effet, son rapport tactile avec la matière trace littéralement les prémisses de l’œuvre encore à venir. L’inconscient en devient l’utérus, le conscient, le moteur, le germe. Au toucher le tableau prend lentement forme.
Magazines, papiers, tissus, tout passe dans le moulin de sa psyché. Elle les déchire, les tâte, telle une aveugle décodant le braille.
«Je commence sans idée préconçue, c’est le papier qui me dirige.» Elle étale ainsi ses déchirures sur la toile et peu à peu les formes se révèlent. Ainsi, les sujets surgissent, tantôt reconnaissables tantôt moins, jamais cependant ils ne proviennent du néant, toujours signifiants d’un état, d’une idée… Toujours liés à son profond désir de communiquer, de partager une partie d’elle-même, de son étonnement spontané au contact de la matière.