Née à Oka en 1940, Madeleine Lemire a acquis une formation en plusieurs cours et ateliers qui vont de l'École des beaux-arts de Montréal (1950-1960) à l'École du Louvre de Paris (1965-66), en passant par le Centre Saidye Bronfman (1986), ainsi qu'à Engramme (1990). Chaque année, elle partage son temps entre son atelier les Cantons de l’Est au Québec et un pays où elle retrouve chaleur et lumière, que ce soit en Provence, dans le sud de la France, au Guatémala ou au Mexique. Elle a à son actif plusieurs expositions solos et collectives dans des galeries privées au Québec, au Canada et en Europe. En 1996, Madeleine Lemire a été élue membre de l’Académie royale des Arts du Canada (Royal Canadian Academy of Arts).

Affectionnant toujours le thème de la nature, Madeleine Lemire trace, à partir d'une ligne d'horizon, un ensemble de diagonales touffues et abstraites qui dévoilent un premier plan, puis un deuxième. Ceci a pour effet de créer une profondeur et de suggérer un paysage que l'on peut encore vaguement reconnaître. Les zones de lumière et les contrastes profonds se partagent l'espace ainsi conçu. Cette alternance entre ce qui est clair et foncé, évoque pour l'artiste « la vie avec ses moments sombres entrecoupés de périodes lumineuses ».

L'élan vif de la touche est soutenu par un geste néanmoins parcimonieux et maîtrisé qu'on ne peut que saluer : le mouvement spontané qui émane des œuvres de Madeleine Lemire n'existe pas pour la seule expression des émotions de celle qui crée. L'aspect saccadé des dessins à l'huile de Lemire est atténué par le choix judicieux du fond monochrome mentionné plus haut. Cette aération donne au spectateur la sensation de respirer en provoquant un va-et-vient entre la douceur et l'intensité. Une esthétique qui sert le propos de l'artiste.